Du caractère

Jacob Leuschner n’en est pas à son premier disque Beethoven : de son clavier de sculpteur, il avait déjà délivré de très convaincantes versions des trois ultimes Sonates. Mais enfin, les Diabelli sont tout autre chose, un univers du bref, où le son doit saillir, les idées jaillir, au fond ce qu’est d’abord le piano de Beethoven, jusque dans son goût de l’improvisation.

Eh bien, Jacob Leuschner ne manque pas de caractère. Passé une deuxième variation trop roide, il trouve à mesure une fantaisie (dans une certaine rigueur, on pense à Hans Richter-Haaser), des étrangetés dans les diversions polyphoniques, et une diversité, qui saisissent bien l’esprit de l’œuvre. Il sait surprendre.

Si bien qu’à mesure, on entre dans ce qui est un labyrinthe où le thème se perd ; n le suit dans ses foucades, ses interrogations, et même lorsqu’il va sans crainte ratiociner, gronder, moquer (la variation « Leporello » !).

Signe qu’il est un beethovénien de premier rang, il se garde bien de peser dans ce qui est le chef-d’œuvre de l’ensemble, ce Largo où soudain le ciel doit s’ouvrir. « Espressivo » demande Beethoven, la nuance est là, touchante. Il ne faut pas que ces Diabelli si clairement captées dans l’acoustique parfaite du Reistadel de Neumarkt passent à l’as en cette année Beethoven déjà si profuse. Le texte de présentation, signé par l’interprète, est révélateur.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
33 Variations sur une Valse de Diabelli en ut majeur, Op. 120

Jacob Leuschner, piano

Un album du label Perfect Noise PN1902
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Photo à la une : le pianiste Jacob Leuschner – Photo : © DR