La belle rencontre

Au printemps de 2016, Emmanuelle Bertrand, qui jusque-là jouait un violoncelle signé par Jean-Louis Prochasson de 1995, s’amouracha d’un magnifique instrument historique, fruit de la science du facteur vénitien Carlo Tononi. Il était temps d’enregistrer les Suites de Bach auxquelles elle pensait depuis longtemps, les danses y auraient l’archet léger, les polyphonies rayonneraient glorieuses et tendres pourtant, les mélodies couleraient comme d’une voix.

C’est tout cela que l’on entend au long de ces six Suites, et plus encore ! car de cet alliage multiple sourd une touche virevoltante, un cantabile magique, des notes qui s’envolent … ce violoncelle est en apesanteur, évite toute métaphysique, et toute sévérité, pris dans une lumière de pur plaisir où les rythmes sont d’une folle virtuosité.

Secret de cet art, le jeu des nuances dans la ligne, cette faculté de créer par le pianissimo des profondeurs, des perspectives où le boisé des sonorités de cet instrument mystérieux met comme un vernis.

Version majeure, différente, qui rappelle que cette violoncelliste pour les musiciens, qui sait si bien transfigurer Tout un monde lointain de Dutilleux, parfait ici son art sur un instrument sublime. Il faut qu’elle le retrouve au disque.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Les 6 Suites pour violoncelle seul
Suite No. 1 en sol majeur, BWV 1007
Suite No. 2 en ré mineur, BWV 1008
Suite No. 3 en ut majeur, BWV 1009
Suite No. 4 en mi bémol majeur, BWV 1010
Suite No. 5 en ut mineur, BWV 1011
Suite No. 6 en ré majeur, BWV 1012

Emmanuelle Bertrand, violoncelle (baroque)

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902293.94
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Photo à la une : la violoncelliste Emmanuelle Bertrand – Photo : © Francois Séchet