Chant du cygne

Quel joli disque ! Tobias Koch touche un beau pianoforte de Friedrich Hippe, subtil, feutré, sur lequel Markus Schäfer distille avec subtilité sa singulière voix de ténor de caractère : je n’imaginais pas forcément son timbre, assez proche de celui de Peter Schreier, idéalement apparié à la lyrique schubertienne qui appelle plus naturellement des ténors Mozart, Haefliger, Dermota, Wunderlich, Breslik aujourd’hui.

Mais Schäfer, formé au répertoire baroque qui a remis en prééminence les mots dans la musique, chante son Schubert intime, distille les poèmes, refuse les effets. Pour la lyrique effusive de tout ce qui dans l’assemblage du Schwanengesang vient des poèmes de Rellstab, cela sonne d’évidence, mais lorsque l’on passe chez Heine, Schäfer n’hésite pas un instant à corser son timbre, et pour le trio Die Stadt/ Am Meer/ Der Döppelgänger où les fantômes paraissent, le timbre soudain évoque Julius Patzak.

En plus de nous faire un Schwanengesang si singulier, dont il assombrit le propos en choisissant les ossias graves, il ajoute quelques lieder subtilement appariés aux opus ultimes, le Schwanengesang de Senn, Winterabend, le saisissant Die Sterne, Herbst et cette merveille qu’est Auf dem Strom où les rejoint le cor naturel de Stephan Katte : soudain le paysage s’ouvre, moment magique. Ils devraient bien nous tenter Winterreise.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert
(1797-1828)

Schwanengesang, D. 744
Winterabend, D. 938
Die Sterne, D. 939
Auf dem Strom, pour ténor, cor et piano, D. 943
Herbst, D. 945
Schwanengesang, D. 957
Die Taubenpost, D. 956A

Markus Schäfer, ténor
Tobias Koch, piano
Stephan Katte, cor

Un album du label AVI 8553206
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Photo à la une : le ténor Markus Schäfer – Photo : © DR