Vu de Debussy ?

Lucas Wong, jeune pianiste canadien, s’est beaucoup voué à l’œuvre de Claude Debussy, mais pour ce qui semble bien être son premier disque, il choisit Couperin et Rameau. Bien vu. Si les Préludes de L’art de toucher le clavecin le montrent un rien prudent, mais musicien toujours, la Suite en ré de Rameau souligne dès les hésitations délicieuses des Tendres plaintes de vrais affinités avec Rameau.

Le jeune homme refuse de briller : ses Niais de Sologne n’ont pas l’aplomb que leur donnait Marcelle Meyer mais sont finement vus, croqués avec une vraie poésie qui pour le coup serait un peu plus Couperin que Rameau. Un goût très sûr lui fait peindre avec art les vignettes de cette Suite sans les alourdir, il y met une tendresse un peu nostalgique plutôt rafraichissante.

La même poésie élégiaque transforme les splendeurs de la Suite en la en une conversation poétique touchante par ses ombres, certains traits sembleront bien exotiques à ceux qui ont Meyer ou Tharaud dans l’oreille, ils n’en retrouveront ni la fluidité ni l’élan (pour La Triomphante par exemple), mais ce qui sera pour certains des défauts ne fera pas oublier l’élégance poétique d’une approche unique, chérissable.

LE DISQUE DU JOUR

Rediscovering Couperin & Rameau

François Couperin (1668-1733)
L’art de toucher le clavecin (Prélude No. 1 en ut majeur, Prélude No. 2 en ré mineur, Prélude No. 3 en sol mineur, Prélude No. 4 en fa majeur, Prélude No. 5 en la majeur, Prélude No. 6 en si mineur, Prélude No. 7 en si bémol majeur, Prélude No. 8 en mi mineur)
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Suite en ré majeur, RCT 3 (des « Pièces de clavecin avec une méthode, 1724 »)
Suite en la mineur, RCT 5 (des « Nouvelles suites de pièces de clavecin, 1727 »)

Lucas Wong, piano

Un album du label Centaur Records CRC3633
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Photo à la une : le pianiste Lucas Wong – Photo : © DR