Pour danser

Simon Perry, l’âme d’Hypérion, eut mille fois raison de demander à Alban Gerhardt s’il songeait un jour à enregistrer les Suites de Bach. Le violoncelliste l’envoya gentiment balader, prétextant qu’il ne les graverait que la cinquantaine passée. Mais voilà, le ver était dans le fruit, et il n’aura pas tenu si longtemps.

Finalement, Alban Gerhardt les aura confiées aux micros de Simon Eadon du 21 au 25 mars de l’année dernière (soit à quarante-neuf ans), merveille de prise de son qui fait entendre le bois subtil et chantant de son somptueux Matteo Gofriller.

Pas d’ornement, le texte, rien que le texte, mais dansé littéralement, d’un archet précis qui ne pèse pas, entraîne la mélodie, fait briller des couleurs rarement entendues par ses confrères, comme si le souvenir du violoncelle piccolo de Bylsma s’invitait ici, pure illusion car Alban Gerhardt joue ses Suites de Bach dans la grande tradition de János Starker.

Mais ces timbres boisés, ces couleurs d’alto, ces rythmes souverains qui cabrent le mouvement, où les a-t-il trouvés sinon dans la seule musique de Bach ? Le discours est si naturel que ces six Suites semblent improvisées, musique d’une solitude heureuse, formidable de sérénité et d’allant, la grâce à l’état pur qui rappelle à quel degré d’évidence est parvenu l’un des plus beaux violoncellistes de sa génération.

Allez, encore une fois, la Gigue de la Deuxième Suite !

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Les Suites pour violoncelle seul
No. 1 en sol majeur, BWV 1007
No. 2 en ré mineur, BWV 1008
No. 3 en ut majeur, BWV 1009
No. 4 en mi b majeur, BWV 1010
No. 5 en ut mineur, BWV 1011
No. 6 en ré majeur, BWV 1012

Alban Gerhardt, violoncelle

Un album de 2 CD du label Hypérion CDA68261/2
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Photo à la une : le violoncelliste Alban Gerhardt – Photo : © DR