Théâtre de violon

Après Beethoven, Mozart. L’étrange voyage à rebours effectué par Isabelle Faust et Alexander Melnikov va droit au cœur de ces sonates où Mozart le premier mit les deux plateaux de la balance à égalité : le violon et le pianoforte allaient de concert inventer tout un univers exalté où le salon disparaîtrait derrière la forêt.

Sturm un Drang, premier romantisme : écoutez le début de la Sonate en mi mineur : ces ombres, ce discours en interrogation, cet arioso fébrile, c’est tout ce que Mozart résumant le Siècle des Lumières voyait de ce romantisme qui vient et qui, paradoxe !, se réalise à plein dans une lecture certes historiquement informée, mais d’abord par l’instrumentarium.

Astringent et expressif, le si mal nommé « Sleeping Beauty », Stradivarius de légende, devient une vraie cantatrice sous les doigts d’Isabelle Faust, et le très sonnant Christoph Kern d’après un Walter de 1795 un alter ego qui avive la dramaturgie des trois sonates composant ce qui est le premier volume d’une intégrale.

Isabelle Faust et Alexander Melnikov seront-ils aussi exhaustifs qu’Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien dans leur voyage au long cours publié chez Hyperion ?

Probablement, mais à la lecture historiquement sensible de leurs jeunes confrères, ils ajoutent une dimension autre, celle d’un Mozart en quelque sorte vu de Beethoven, prescient. Passionnant, et l’on est qu’au début.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Les Sonates pour violon et piano
Vol. 1

Sonate pour violon et piano en ré majeur, K. 306/300i
Sonate pour violon et piano en mi mineur, K. 304/300c
Sonate pour violon et piano en la majeur, K. 526

Isabelle Faust, violon
Alexander Melnikov, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902360
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Photo à la une : © Roberto Moro