La belle surprise

Décidément ce centenaire de la disparition de Claude Debussy suscite des surprises : versée dans la défense et l’illustration du piano de Francis Poulenc, chez elle dans les mystères elliptiques d’Erik Satie, Eloïse Bella Kohn entre dans le Premier Livre de Préludes d’un pas mesuré : on voit ses Danseuses de Delphes, comme on comptera avec elle Des pas sur la neige, piano précis qui décrit autant qu’il évoque, et ose partout des tempos amples, sachant que l’harmonie debussyste gagne à faire rayonner ses mystères.

Ce clavier nu, très en lumière, est assez unique ici, car jamais il ne prétend à l’objectivité, il cède parfois devant les écarts demandés par Ce qu’a vu le vent d’Ouest, tempête posée qui se délite en séquences : avantage, on « voit » tout du texte de Debussy même si l’empilement successif des bourrasques ne fait pas le tsunami espéré. Broutille.

Le propos de la pianiste s’accorde plus encore avec le Deuxième Livre qu’elle tire vers l’abstraction, cherchant des lignes pures, y mettant une lumière nette qui éclaire Brouillards, donne une dimension ravélienne à Ondine comme jouée en nuit américaine.

A la fin du voyage, Les tierces alternées, Feux d’artifice ne sont plus du tout des préludes, mais des esquisses pour un tableau inachevé, abstractions par défaut, vision singulière, assumée, qui mérite d’être entendue, mais étrange façon tout de même, je me demande bien ce que cela donnerait, appliquée aux Images, aux Estampes

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Préludes, Livre I, L. 125
Préludes, Livre II, L. 131

Eloïse Bella Kohn, piano

Un album de 2 CD du label Hännsler Classic HC18085
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Photo à la une : © Balazs Borocz/Pilvax Studio