La miraculée

On la croyait perdue à jamais, cette Messe écrite pour la princesse Maria Josepha et donnée pour le jour-même de la fête de son Saint Patron le 19 mars 1732, les parties en furent détruites durant le bombardement qui rasa Dresde la catholique en février 1945, mais finalement le manuscrit de Zelenka, fortement endommagé, réapparut et Wolfgang Horn put en réaliser une édition pour Carus qui aujourd’hui la fait enregistrer par Frieder Bernius et ses chanteurs et musiciens stuttgartois lancés dans un cycle Zelenka qui accumulent les révélations.

Le compositeur bohémien était dans sa cinquantaine alors, la somptuosité de ses polyphonies s’enrichissaient des décors de la Contre-Réforme, atteignant une magnificence qui frôle l’ostentation, mais quelle musique toujours !, irrésistible d’élan, dont le rayonnement saisit immanquablement d’autant qu’elle est emportée ici par un quatuor de solistes de première force ; écoutez Julia Lezhneva, impériale dans le Quoniam tu solus sanctus !

Frieder Bernius ajoute à cette découverte deux motets, les ombres du De profundis avec son chalumeau se mariant à l’alto de Daniel Taylor tout au long de l’admirable Sustinuit, chef-d’œuvre absolu contrastant avec le geste épique d’In exitu Israel, deux visages de l’art saisissant de ce génie du baroque. Mais si les messes et les oratorios sont enfin enregistrés, qui s’engagera dans l’intégrale de la quarantaine de motets dont la plupart dorment toujours dans les bibliothèques ?

LE DISQUE DU JOUR

Jan Dismas Zelenka
(1679-1745)
Missa Sancti Josephi, ZWV 14
De profundis, ZWV 50
In exitu Israel, ZWV 84

Julia Lezhneva, soprano
Daniel Taylor, contre-ténor
Tilman Lichdi, ténor
Jonathan Sells, basse
Kammerchor Stuttgart
Barockorchester Stuttgart
Frieder Bernius, direction

Un album du label Carus 83279
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Photo à la une : © Jens Meisert