Tropisme Mozart

Le Concertino que Dinu Lipatti destinait à son propre usage et dont il aura laissé un enregistrement n’avoue qu’un Dieu par ses lignes claires, sa touche pastorale à peine nimbée de modes roumains, son serein giocoso : Mozart. Il n’est pas si étonnant que cela de voir Julien Libeer, jeune homme curieux des marges du grand répertoire, s’y intéresser de son clavier lumineux et en délivrer une interprétation touchante à force de simplicité.

L’opus de Lipatti donne naturellement la main à l’ultime concerto de Mozart, que d’aucuns auront décrié, regrettant qu’après des opus plus tragiques, il revienne ici caresser et le soleil et la nostalgie. Le jeune pianiste réduit son jeu, regardant plus vers la nostalgie, égrenant son clavier, cherchant le dolce, la nuance piano dans un orchestre allégé aux étoffes magiques, merveilleux théâtre d’ombres dans un grand plein jour. C’est d’une beauté assez inouïe, pour l’ensemble du tableau comme pour les détails d’un jeu pianistique en apesanteur.

Ce disque de correspondances évidentes s’ouvre par une version subtile de la Symphonie « La Passione » de Haydn. J’aurais peut-être préféré le Concerto en ré majeur qui aurait alors introduit un triptyque parfait.

Bravo aux Métamorphoses et à leur chef Raphaël Feye, les autres héros discrets de ce disque où l’art cache l’art.

LE DISQUE DU JOUR


Lignes parallèles

Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Symphonie No. 49 en fa mineur, Hob. I:49 « La Passione »
Dinu Lipatti (1917-1950)
Concertino dans le style classique en sol majeur, Op. 3
Wolfgang Amadeus Mozart (1732-1809)
Concerto pour piano et orchestre No. 27 en si bémol majeur, K. 595

Julien Libeer, piano
Les Métamorphoses
Raphaël Feye, direction

Un album du label Evil Penguin EPRC0029
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Photo à la une : © DR