Les tréteaux de Couperin

Ce n’est pas une nouveauté. En 2000, pour les Grandes Journées du Centre de Musique Baroque de Versailles dédiées à François Couperin, Skip Sempé et son Capriccio Stravagante assemblaient autour du Concert dans le goût théâtral des airs, des canons, tout ce que Couperin aura écrit pour la voix profane, produisant de facto un petit opéra en un prologue et cinq actes où la part extravertie d’un art d’habitude plus célébré pour son intimité faisait enfin sens.

Restitution osée d’un théâtre, imaginaire certes, mais diablement vivant où s’épanouissent les voix de quatre chanteurs finement appariés : écoutez seulement Il faut aimer dès qu’on sçait plaire comme vous le conseille Karina Gauvin ou la musette si lumineuse A l’ombre d’un ormeau. C’est tout l’esprit de Couperin qui sans appui, en suggérant, s’y glisse, doucement malicieux. La beauté des pièces instrumentales saisit car elles se veulent d’abord expressives, dévoilant la syntaxe émotionnelle d’un maître des sentiments.

Tant de grâces alliées à tant d’audace, tant de finesse pour tant de paysages sonores font un disque merveilleux, où Olivier Fortin, tout jeune alors, tentait de concert avec Skip Sempé une resplendissante transcription à deux clavecins d’une des plus altières chaconnes de Couperin, L’Amphibie.

Disque précieux, dont le ramage de cordes pincées évoque toute une époque perdue. Le retrouver pour l’anniversaire Couperin, dans le beau remastering d’Hugues Deschaux qui lui donne plus de profondeur, est un plaisir sans mélange.

LE DISQUE DU JOUR


François Couperin
(1668-1733)
Concert dans le goût théâtral

Karina Gauvin, soprano
Sandrine Rondot, soprano
Isabelle Desrochers, soprano
Vincent Lecornier, basse

Capriccio Stravagante
Skip Sempé, direction

Un album du label Paradizo PA0017
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Photo à la une : © DR