On le sait, sur le piano de Chopin Le Clavier bien tempéré n’était jamais loin, la mise en regard que propose Bella Schütz dans son grand meuble plein de timbre ne doit donc pas étonner.
L’invention ou la rigueur ? La pianiste traque les deux dans des ouvrages qui peuvent paraître aussi éloignés que la Fantaisie chromatique et la Barcarolle, le même jeu affirmé, la même lumière, une simplicité qui serre le texte au plus près, éclairent ce parallèle du côté de la forme, la pureté des intentions – écoutez comment elle réussit à ne pas rendre bancal le début de la Fantaisie de Chopin – et l’élégance des phrasés rapprochant les chorals revisités par Busoni et le bel canto épuré, sans un gramme de sucre, des Nocturnes de l’Opus 62, où la coloriste paraît, tout comme pour la Barcarolle.
Aussi réussie que soit la face Bach, c’est Chopin qui gagne dans ce grand jeu sans rubato, si noble, si tranquillement intense, révélant une belle pianiste dont il faut aussi lire le texte éclairé.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Fantaisie chromatique et Fugue en ré mineur,
BWV 903
Toccata en mi mineur,
BWV 914
Ferruccio Busoni (1866-1924)
10 Préludes de Choral,
BV B 27 (2 extraits : No. 3. Nun komm, der Heiden Heiland [d’après BWV 659] ;
No. 5. Ich ruf zu dir Herr Jesu Christ [d’après BWV 639])
Frédéric Chopin (1810-1849)
Fantaisie en fa mineur, Op. 49
2 Nocturnes, Op. 62
Barcarolle en fa dièse majeur, Op. 60
Bella Schütz, piano
Un album du label Evidence EVCD130
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Photo à la une : la pianiste Bella Schütz – Photo : © Amélie Meissner