Johannes Moser est allé aux sources et cela s’entend. Pour le Concerto d’Elgar, il aura consulté les manuscrits du compositeur, pour les Rococo de Tchaïkovski, préféré la version originale, moins virtuose, plus lyrique, ce qui les accorde parfaitement aux trois pièces brèves ajoutées en annexe.
Un pont spirituel, sinon factuel, réunit les deux grands opus, joués pour ainsi dire dans les mêmes couleurs. L’élégie déborde les tempêtes dans sa lecture ductile, fusante, du Concerto d’Elgar, cet adieu au monde d’hier, une touche de divertissement un rien nostalgique empli les Rococo, devenues comme le songe d’une époque idéale, à jamais perdue. Johannes Moser joue l’un et l’autre avec une finesse d’archet, une élégance, cachant les émotions à force de pudeur, rendant un couplage que je pensais bancal simplement évident.
Au diapason de ce regard à la fois léger et méditatif Andrew Manze accorde les Genevois, si poètes sous sa direction emplie de rêveries, écoutez seulement…
LE DISQUE DU JOUR
Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Variations sur un thème rococo en la majeur, Op. 33, TH 57 (version originale)
6 Pièces pour piano, Op. 19, TH 133 (extrait : No. 4. Nocturne – version pour violoncelle et orchestre : Tchaikovski, 1888)
Andante cantabile (No. 2, extrait du « Quatuor No. 1 en ré majeur, Op. 11, TH 111 » – version pour violoncelle et cordes : Tchaikovski, 1888)
Pezzo capriccioso en si mineur, Op. 62, TH 62
Johannes Moser, violoncelle
L’Orchestre de la Suisse Romande
Andrew Manze, direction
Un album du label Pentatone PTC5187418
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Vous pouvez trouver ici la chronique par Jean-Charles Hoffelé de l’album original paru en 2017 sur le label Pentatone
Photo à la une : le violoncelliste Johannes Moser –
Photo : © Francesco Fratto