Mystique

Tout un quasi orchestre pour le Rosaire ! Jeannette Sorrell s’en explique dans sa note d’intention. Le grand théâtre d’émotion, le geste rhétorique comme la narration que Biber aura laissé ouverts à l’imagination des interprètes lui aura dicté un continuo d’une opulence assumée, retrouvant en sonorité les profondeurs somptueuses des tableaux religieux de l’Allemagne du XVIIe siècle.

Les Sonates du Rosaire furent-elles jamais à ce point picturales ? L’orgue, la théorie d’instruments à cordes pincées (clavecin, théorbe, guitare baroque, lirone, harpe triple) dorent de leurs myriades ce violon ardant qu’Alan Choo fait danser ou prier, le gardant toujours dans une mesure spiritualiste qui refuse les effets dramatiques que tant y auront exaltés. C’est qu’il faut d’abord narrer ces poèmes de la Vie et de la Passion de Jésus, conduire peu à peu au drame de la Crucifixion, et assumer l’élévation spirituelle qui transcende la poésie mystique de Biber à compter de la Résurrection.

Au long de ce voyage spirituel, Alan Choo jouera six violons différemment accordés, Jeannette Sorrell avouant avoir attendu vingt-cinq ans pour trouver enfin un violoniste saisissant l’œuvre dans tous ses aspects. Le plus étonnant de l’affaire reste qu’enfin seul, et à nu, dans la danse alentie de la Passacaille de l’Ange Gardien, par quoi Biber referme son Rosaire, Alan Choo transcende soudain la quête en pur mystère. Remarquable.

LE DISQUE DU JOUR

Heinrich Ignaz Franz (von) Biber (1644-1704)
Sonates du Rosaire, C. 90-105

Alan Choo, violon
Apollo’s Fire
Jeannette Sorrell, clavecin, direction

Un album du label Avie Records AV2656
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Photo à la une : le violoniste Alan Choo – Photo : © DR