La jeune fille et Schumann

La sonorité d’abord, discrète, ailée, merveilleusement dans le piano sans jamais rien qui l’y enferre ; les harmonies chantent, la pédale, économe, dore jusque l’aigu (écoutez la dernière minute d’Arabeske), la main gauche timbre les contrechants, les polyphonies transparaissent.

Il y a du Kempff chez cette jeune fille qui a la chance pour son deuxième disque solo (elle a entre temps participé à un album Dvořák avec Jan Vogler et ses amis chez Sony Classical) de jouer un très beau piano (non documenté) porté par l’acoustique parfaite du Reitstadel de Neumarkt. C’est merveille au long des Kinderszenen délicieuses de naturel, jouées sans façon, évidence même dans cette sonorité si élégante.

On pouvait craindre, la voyant aborder les élans des Danses des compagnons de David, qu’il lui manque la puissance, et oui, elle n’est pas Géza Anda, mais partout la poésie, qui n’exclut pas la fièvre, le clavier léger qui n’ignore pas l’espressivo, embellissent le chef-d’œuvre de Schumann, le tirant vers la haute fantaisie du Carnaval, mais sans jamais tonitruer, les doigts d’une fée y sont et enchantent une écoute qui ne lasse pas de surprendre en bien. Découvrez cette musicienne.

LE DISQUE DU JOUR

Diaries

Robert Schumann
(1810-1856)
Kinderszenen, Op. 15
Arabeske, Op. 18
Davidsbündlertänze, Op. 6

Tiffany Poon, piano

Un album du label Pentatone PTC5187128
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Photo à la une : la pianiste Tiffany Poon – Photo : © DR