Fleuve-monde

L’album accompagne, en échos sonores, l’exposition itinérante des photographies que Sebastião Salgado aura consacré aux indigènes d’Amazonie et dont certaines sont reproduites dans le petit livret en noir et blanc.

Bonne idée ? Quitte à aller chercher dans le catalogue de Villa-Lobos des parfums d’Amazonie, l’oiseau magique d’Uirapuru, et surtout le poème symphonique Amazonas auraient fait une pioche plus éloquente et surtout mieux appariée que cette Floresta décorative, déviée par le compositeur d’une musique de film qu’on lui charcuta.

Ce sera au disque son chant du cygne pour lequel il fera revenir au studio d’enregistrement Bidu Sayão ; depuis, toute version – et elles sont peu nombreuses (cherchez celle d’Alfred Heller avec Renée Fleming ou l’enregistrement assez formidable de Evgeni Svetlanov) – se comparent à ces mythiques sessions new-yorkaises.

La nouvelle venue excelle pourtant, par le raffinement d’un orchestre poétique (écoutez le Pássaro da floresta) mené avec volupté par Simone Menezes, maestra subtile, et une soprano mi femme mi oiseau qui n’a rien à envier à Bidu Sayão : son chant fruité accroît encore les mystères de cette selve sonore.

Superbe vraiment, et splendidement enregistré, avec en plus l’ajout bienvenu d’une section du ballet de Philip Glass, remontée poétique du fleuve-monde, élargi pour le grand orchestre par Charles Coleman.

LE DISQUE DU JOUR

Heitor Villa-Lobos
(1887-1959)
Floresta do Amazonas, W 551
Philip Glass (né en 1937)
Metamorphosis 1 (from « Aguas da Amazonia »)

Camila Provenzale, soprano
Philharmonia Zürich
Simone Menezes, direction

Un album du label Alpha Classics 990
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Photo à la une : © Sebastião Salgado