Premiers sillons

Une carte de visite ? Franchement, je serais passé à côté de ce premier disque si Georgiana Pletea ne l’avait ouvert par Miroirs.

Noctuelles irréelles babillant dans des touches de cristal, Oiseaux tristes enfermés dans une jungle à la Douanier Rousseau, Barque stylisée, tenue sur le fil du ressac, Alborada qui fait entendre le guitariste et colore avec art la pochade, lui évitant toute charge, même les carillons perdus d’une Vallée des cloches très debussyste dévoilent la maîtrise d’un clavier versicolore. D’où les Roumains tiennent-ils les sortilèges qui transmuent leur piano en une telle palette ?

Sans un faux pli, la lune couleur d’amande dont la rotation hypnotique ouvre la Quatorzième Sonate de Beethoven, découle du dernier écho de Miroirs. Il fallait y penser, et avoir le sens de ce presque-rien de son où se creuse l’espace harmonique dans le perpetuo ouaté. Magique, et les doigts ne lui manqueront pas pour un Finale sans esbrouffe.

Une musicienne vraiment, comme le prouve sa Seconde Sonate de Chopin évitant tout pathos mais qui montrent aussi les limites de sa sonorité ; il lui manque encore l’orchestre, l’ampleur, mais pas le goût, ni le sens des atmosphères…

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Miroirs, M. 43
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 14
en ut dièse mineur,
Op. 27 No. 2 « Clair de lune »

Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 2
en si bémol mineur, Op. 35
05« Funèbre »

Georgiana Pletea, piano

Un album du label Prospero Classical PROSP0040
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Photo à la une : la pianiste Georgiana Pletea – Photo : © DR