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Manfred Honeck insiste : pour Exton, il avait déjà autorisé la publication d’une Cinquième Symphonie de Tchaikovski enregistrée en concert le 14 mai 2006. Il s’apprêtait alors à inaugurer son magister à la tête du Symphonique de Pittsburgh. Seize années plus tard, cette nouvelle proposition qui désigne la Cinquième Symphonie comme un point de non-retour dans l’œuvre de l’auteur du Lac des cygnes renoue avec le son Pittsburgh tel que l’avaient inventé Fritz Reiner puis William Steinberg : clarté aveuglante, attaques fulgurantes, ampleur et précision de chaque pupitre, et un drive rythmique qui est devenu la signature de la phalange.

Cette Cinquième Symphonie fait suite à une relecture de la « Pathétique » qui en avait renouvelé l’approche, elle en retrouve le ton sombre, le geste drastique, cette précision implacable où chaque détail conduit inéluctablement à l’impact d’une interprétation anti-romantique, d’une terrible lucidité. La symphonie du destin absolument, comme le suggère Manfred Honeck dans son éclairant essai.

Complément hors-sol comme souvent dans cette série, mais plus fascinant qu’à l’habitude. Entendant les Cinq Pièces d’Erwin Schulhoff données par le Quatuor Clarion en marge de la saison symphonique, Manfred Honeck n’eut de cesse de les orchestrer avec le concours de Thomas Ille.

L’alternance d’alacrité et d’opium dispensée avec ironie dans la version originale ne perd rien de ses épices avec l’élargissement des cinq danses à l’orchestre, y ajoutant des couleurs et une folie qui éclate dans l’Alla tarentella final. Puisque Manfred Honeck a cédé au génie de Schulhoff, qu’il songe à inscrire les Symphonies aux prochaines saisons de son orchestre.

Hasard des publications, une autre Cinquième Symphonie de Tchaikovski paraît, elle aussi captée en concert.

En février 2013, Zubin Mehta sculptait un monument romantique dans les splendeurs de l’Orchestre Symphonique de la Radiodiffusion bavaroise, vous vous en doutez, l’envers absolu du geste révélateur osé par Manfred Honeck. Mais comme cela chante et parle jusque dans un Finale de grand caractère !, Mehta évitant toujours le sentimentalisme dans l’Andante pourtant très cantabile, dosant avec art la Valse, et surtout tendant la vaste arche du premier mouvement. Le mois suivant il enflamme le Mazeppa de Liszt, entraînant les Bavarois dans une narration dantesque assez fabuleuse.

LE DISQUE DU JOUR

Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Symphonie No. 5 en mi mineur, Op. 64, TH 29
Erwin Schulhoff (1894-1942)
5 Stücke für Streichquartett (version pour orchestre : Manfred Honeck et Tomás Ille)

Pittsburgh Symphony Orchestra
Manfred Honeck, direction

Un album du label Reference Recordings FR-752SACD
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Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Symphonie No. 5 en mi mineur, Op. 64, TH 29
Franz Liszt (1811-1886)
Mazeppa, S. 100

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Zubin Mehta, direction

Un album du label BR-Klassik 900207
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Photo à la une : le chef d’orchestre Manfred Honeck – Photo : © 2021 © Todd Rosenberg Photography