Vers Tristan

C’est entendu ; autant que celui de Mahler, le temps de Bruckner est venu. La jeune génération, nourrie des grands anciens dont les approches étaient déjà si contrastées – impossible de voir se rejoindre les conceptions d’Eugen Jochum et de Günter Wand pour ne prendre qu’un exemple – s’en démarque pourtant.

Lahav Shani fait sa Septième lumineuse jusque dans l’assombrissement final de l’Adagio. Une notion séraphique imprègne les phrasés pliés dans des tempos fluides, plutôt rapides. Rien qui puisse évoquer l’orgue, mais plutôt une dimension lyrique qui le rapprocherait d’un Karl Böhm. Comme lui, il entend les échos de Tristan und Isolde, son océan, ses rivages. En rien une abstraction, mais bien un paysage, et dans ce paysage un voyage qui montre à quel point son art de phraser, la clarté de son agogique comme celle de son geste polyphonique vont au cœur de l’œuvre sans y convoquer le moindre pathos, et pas plus d’effets.

Le Scherzo et le Finale sont ailés, agrestes, deux échappées belles vers des horizons de Carinthie ; tout au long de la symphonie, pas une trace de mysticisme (ce qui n’exclut pas une dimension spirituelle, au contraire), mais toujours cet art d’aller de l’avant, ce goût de l’infini au travers du mouvement. Que son voyage brucknérien se poursuive avec son Orchestre Philharmonique de Rotterdam, depuis longtemps voué à Bruckner, et qui n’a rien à envier en termes de pures splendeurs sonores, au Concertgebouw.

LE DISQUE DU JOUR

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107

Rotterdam Philharmonic Orchestra
Lahav Shani, direction

Un album du label Warner Classics 5054197619663
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Photo à la une : le chef d’orchestre Lahav Shani –
Photo : © Marco Borggreve