Mystères dansés

Le recto de l’album vend la mèche : une danseuse en rouge et noir est saisie dans une quasi lévitation, l’archet mystique du Rosaire guidant sa danse suscitée par Anne Teresa de Keersmaeker.

Quelle belle idée aura eu la chorégraphe, après les Goldberg suggérées à Pavel Kolesnikov : qu’Amandine Beyer et sa petite bande lui inspirent un parcourt poétique sur le Rosaire. Le violon aux prospectives mystiques de Biber n’ignore pas la danse, elle fait partie de sa syntaxe, comme elle le fera de celle de Bach, la violoniste relève le défi, pliant tout ce qui ici est méditatif dans un mouvement qui emporte le spirituel vers une dimension physique.

Elle jouera au long du cycle pas moins de cinq violons, variant les angles, diversifiant la nature même du son jusqu’à la stratosphérique Passacaglia, cherchant derrière l’espressivo de la danse des correspondances spirituelles, portant un regard nouveau sur un recueil que le disque aura choyé ces derniers temps, mon admiration pour la sérénité rayonnante de Mayumi Hirasaki et ses amis (Passacaille, voir ici) ne cédant pas devant l’audacieux parti pris d’Amandine Beyer : l’un éclaire l’autre.

LE DISQUE DU JOUR

Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704)
Rosenkranz-Sonaten,
C. 90–105

Amandine Beyer, violon, direction
Gli Incogniti, direction

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902712.13
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Photo à la une : la violoniste Amandine Beyer – Photo : © Oscar Vázquez