Corelli de France

Teodoro Baù ose : puisque Corelli a tant influencé la musique française, et pas seulement Couperin, il « vole » aux violonistes six sonates pour les faire chanter sur la viole, les ajoutant ainsi au répertoire (plausible sinon documenté ?) des derniers gambistes.

Pari réussi, qui tient d’abord à l’intelligence du style : cet archet, pour virtuose qu’il soit, chante très français et danse aussi sur les pointes, vrai concert des goûts réunis que le clavecin royal d’Andrea Buccarella, un splendide Keith Hill d’après un Anonyme allemand des environs de 1710, décore de toute une Arcadie.

La viole change le visage de Corelli, accentuant évidement la couleur française déjà si présente dans la matière même de son génie mélodique, mais aussi par les résonnances, l’ampleur harmonique, lui donnant un espace de nostalgie sereine qui plus d’une fois étreint l’auditeur : pas loin du sublime les Grave et Adagio de la Sixième Sonate : écoutez seulement.

Fatalement, les deux amis se seront risqués à la Follia, la plaçant en postlude : tout un théâtre s’y déploie, anobli par cet archet ample, sauvé du simple numéro d’acrobatie par un gambiste fabuleux qui signe ici, si je ne m’abuse, son premier album solo. Et s’il allait fouiner demain du côté de Forqueray ?

LE DISQUE DU JOUR

Arcangelo Corelli
(1653-1713)
Sonatas, Op. 5 – versions
pour viole da gambe et basse continue (extraits : Nos. 2, 5, 6, 9, 10 et 12 « Follia »)

Teodoro Baù, viole de gambe
Andrea Buccarella, clavecin

Un album du label Ricercar RIC440
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Photo à la une : le gambiste Teodoro Baù et le claveciniste Andrea Buccarella – Photo : © DR