Oistrakh

Ces registres si contrastés, cette sonorité ample, cet archet inépuisable, ces pizzicatos ronds comme des gouttes d’eau… Dès l’entrée du Premier Concerto il me semble avoir déjà entendu l’œuvre jouée ainsi. Ni la finesse de touche de Milstein qui y évoquait le dédicataire Kochanski, ni l’abrasion de Stern, mais la plénitude de David Oistrakh.

Bingo !, dans sa note d’intention « Un rêve devenu réalité », Maria Milstein se souvient de l’émotion qu’elle ressentit en découvrant l’œuvre au disque dans l’interprétation du violoniste russe, elle en aura gardé le souvenir dans son jeu ouvert, rayonnant, d’une sensualité gorgée de timbres. Et quelles attaques diaboliques, quel ricanement de l’archet dans le Vivacissimo. Son Second Concerto, sombre, teinté d’amertume, tendu, comme sous la menace d’une constante implosion, est peut-être plus saisissant encore, cerné par la direction ombreuse d’Otto Tausk.

Grand disque Prokofiev, qui laisse espérer que Maria Milstein et cette même phalange, modeste mais si musicienne, poursuivront l’exploration des concertos du XXe siècle : les deux Szymanowski les espèrent.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon et
orchestre No. 1 en ré majeur,
Op. 19

Concerto pour violon et
orchestre No. 2 en sol mineur, Op. 63

Maria Milstein, violon
Phion Orchestra of
Gelderland & Overijssel

Otto Tausk, direction

Un album du label Channel Classics CCS45223
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Photo à la une : la violoniste Maria Milstein – Photo : © Simon van Boxtel