Pureté

Au moment où Christian Zacharias annonce se retirer, du moins en tant que pianiste, des salles de concert, il publie l’enregistrement de quatre Sonates de Haydn captées en juin 2021 sur un sublime Steinway, le Manfred Bürki. Si abondamment versé dans Mozart, il avait quelque peu négligé Haydn, du moins au disque, mais ceux qui l’ont connu jeune homme au Lycée International de La Celle-Saint Cloud, savent « qu’il se jouait Haydn » pour lui-même.

Et c’est ce qu’il fait ici, dans une intimité troublante dont les micros nous rendent voyeurs. Hors du temps, son Haydn ; évidence dans l’Adagio de presque rien, rêverie dans un tendre soleil, de la Sonate en la bémol majeur, mais aussi dans les Allegros et les Prestos, joués lumineux, fluides, sereins jusque dans le capricieux, avec toujours ces doigts qui timbrent sans appuyer, ces poignets souples qui éclairent les harmonies, ce giocoso subtil, ce classicisme émouvant à force de pudeur qui au fond avoue que même chez Haydn il pense à Mozart, et je ne saurais lui donner tort.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Sonate pour clavier en ut majeur, Hob. XVI:21
Sonate pour clavier en sol mineur, Hob. XVI:44
Sonate pour clavier en sol majeur, Hob. XVI:39
Sonate pour clavier en la bémol majeur, Hob. XVI:46

Christian Zacharias, piano

Un album du label MDG 9402257-6
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Photo à la une : le pianiste Christian Zacharias – Photo : © DR