Paradis et Enfer

Les concerts sont distants de cinq ans (1995 pour les opus de Penderecki, 2000 pour le Stabat Mater de Szymanowski), regroupés donc par l’éditeur sous la bannière polonaise. Les trois partitions constituent un apport majeur à la discographie de Michael Gielen, sensiblement augmentée ces dernières années.

La subtilité avec laquelle il anime l’extase doloriste de l’incipit du Stabat Mater (avec une Elena Moșuc transcendante) sera balayée par la noire concentration du Qui est homo, le ton de tout l’œuvre sera trouvé, abyssal, implacable, d’une impérieuse puissance : l’une des toutes grandes versions d’une œuvre comme débarrassée des touches d’or que les versions polonaises y ajoutent souvent. Gielen la fait entrer de plain-pied dans la modernité.

Le basculement dans l’immense Dies Irae si réaliste – cris et supplices – de Penderecki saisira. Cet effroi réglé avec une précision sadique est l’un des grands moments de l’art de Gielen, soufflant de bout en bout, avant que le résonne la terrible Threnody pour les victimes d’Hiroshima, musique de l’après-Apocalypse.

Disque stupéfiant, mais terrible.

LE DISQUE DU JOUR

Karol Szymanowski (1882-1937)
Stabat Mater, Op. 53
Elena Moșuc, soprano – Annette Markert, mezzo-soprano – Anton Scharinger, ténor – Chorus sine nomine

Krzysztof Penderecki (1933-2020)
Dies irae
Ewa Iżykowska, soprano – Zachos Terzakis, ténor – Stephen Roberts, basse – Wiener Konzertchor
Threnody To the Victims of Hiroshima

ORF Vienna Radio Symphony Orchestra
Michael Gielen, direction

Un album du label Orfeo C210311
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Photo à la une : le chef d’orchestre Michael Gielen – Photo : © DR