Paradis Ravel

Une Sonate avec un Blues, une autre Sonate qui regarde Debussy dans les yeux, un hommage à Fauré, un éblouissant numéro de virtuosité qui n’en est pas un (Tzigane), voilà tout ce que Ravel aura destiné au violon, capturant dans son écriture absolument originale les possibilités de l’instrument dont il magnifie les ondoiements et les griffes de chat.

Cette poésie fugace, cette opulence des couleurs, Elsa Grether les saisit du bout de l’archet, féline, subtile, d’une élégance sans failles, ravélienne absolument, et chantant comme les grands archets français, de Zino Francescatti à Jeanne Gautier, de Jacques Thibaud à Michèle Auclair, y auront chanté.

Le piano de David Lively n’est pas du genre à accompagner, d’ailleurs Ravel ne le lui permet pas : à lui l’imaginaire des timbres, soit gamelan, soit cymbalum, toujours impertinent, et poète aussi, et surtout un piano qui n’est pas qu’en noir et blanc : des couleurs, des respirations, des accents, du grand soleil et des sfumatos. Magnifique !, je rêve qu’il nous grave tout le piano solo, et les Concertos tant qu’à faire, car il a la sonorité naturellement ravélienne.

Tzigane fabuleux car jamais déboutonné, Première Sonate d’une eau de rêve, Sonate majeure pleine de fantasque, petites pièces parfaites (et de l’émotion dans les Mélodies hébraïques, même étranglées de pudeur), deux ajouts inédits, le songe du Concerto en sol pudiquement (et minimalement) arrangé par Samazeuilh, le Foxtrot de L’Enfant transformé café-concert par Asselin, quelle belle fête au cœur de l’été.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
L’Œuvre complète pour violon et piano

Concerto pour piano et orchestra en sol majeur, M. 83 (extrait : II. Adagio assai – arr. pour violon et piano : Samazeuilh)
Sonate pour violon et piano No. 2, M. 77

Pièce en forme de Habanera, M. 51 (arr. pour violon et piano : Théodore Doney)
Sonate pour violon et piano No. 1, Op. posth., M. 12
Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré, M. 74
Five o’Clock Foxtrot (d’après “L’Enfant et les sortilèges, M. 71”)
(arr. pour violon et piano : André Asselin)

Kaddisch (arr. pour violon et piano : André Asselin)
L’Énigme éternelle (arr. pour violon et piano : Lucien Garban)
Tzigane, M. 76 (Rapsodie de concert)

Elsa Grether, violon
David Lively, direction

Un album du label Aparté AP295
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Photo à la une : la violoniste Elsa Grether et le pianiste David Lively – Photo : © DR