Divertissements et chef-d’œuvre

Paris, jonction des années vingt-trente, un parfum de folle époque règne encore, quelques musiciens étrangers, installés au bord de la Seine, s’en emparent ; rythmes vifs, écriture faisant la part belle aux danses du temps, harmonies pimentées, cela se retrouve, avec quelques touches éclatantes toute polonaises, dans la brillante Suite-Divertissement qu’Alexandre Tansman écrit en 1929 pour le Quatuor Belge, formation regroupée autour du piano de Marcel Maas.

Les harmoniques chaudes, belles comme celles des fauves, l’écriture dansante, toujours sur les pointes, les motifs savoureux et évidemment cette suractivité qui est la marque de fabrique du Polonais, éclatent au long des six mouvements, mais courrez d’abord aux étrangetés mystérieuses du Nocturne, un peu Bartók. Les Notos y sont prodigieux de vivacité, de précision, d’humour et de lyrisme lorsqu’il faut, tout comme pour le Divertissement de Jean Françaix, partition délicieusement piquante, un peu mozartienne aussi par l’allégement de l’écriture.

Puis vient le chef-d’œuvre, le vaste nocturne inquiet qu’est le Quatuor avec piano de László Lajtha, pièce manquante du génial trio de Budapest qui ne devrait plus tarder à rejoindre Béla Bartók et Zoltán Kodály dans leur empirée.

L’œuvre est d’une beauté aussi suffocante qu’amère, ces splendeurs sombres sont si émouvantes dans la lecture intense des Notos qu’on a peine à croire qu’il s’agit du premier enregistrement de cet opus majeur des années vingt où ce génie trop oublié affirmait d’emblée son inextinguible singularité.

LE DISQUE DU JOUR

Paris Bar

Jean Françaix (1912-1997)
Divertissement
Alexandre Tansman (1897-1986)
Suite-divertissement
László Lajtha (1892-1963)
Quatuor avec piano, Op. 6

Notos Quartett

Un album du label Sony Classical 19439986682
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Photo à la une : les membres du Notos Quartett – Photo : © DR