L’archet danse

Vif dès le Prélude de la Première Suite, Bruno Philippe s’est donné les moyens de sa politique : archet baroque, cordes en boyaux, le violoncelliste avait eu le temps d’apprivoiser la pratique du jeu historiquement informé sous l’œil amical de Thomas Dunford au sein de Jupiter.

La Covid sera passée par là, le forçant comme d’autres à remettre sur le métier les Suites, avec pour aboutissement logique de les enregistrer ; côté Sonates et Partitas pour violon, Augustin Hadelich et Leonidas Kavakos ont aussi révisé leurs Évangiles pour les enregistrer.

Ce que le montage en boyaux libère chez Bruno Philippe, c’est d’abord une fluidité qui invite à la danse, une sorte de légèreté enjouée qui n’amoindrit pas la portée spirituelle ; le geste proclame des libertés aventureuses, élance une poétique qui regarde déjà vers la part heureuse du XVIIIe siècle. Soudain de jouer un instrument converti aux pratiques de l’époque projette le cahier dans le futur.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de cette proposition souvent ébouriffante, que le violoncelliste dans sa note d’intention pare d’une vision humaniste. Mais ce que j’entends, c’est d’abord le plaisir contagieux, tout physique, d’un artiste qui semble redécouvrir son instrument.

Un conseil, commencez l’écoute par la 5e Suite.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Les 6 Suites pour violoncelle seul, BWV 1007-1012
No. 1 en sol majeur, BWV 1007
No. 2 en ré mineur, BWV 1008
No. 3 en ut majeur, BWV 1009
No. 4 en mi b majeur, BWV 1010
No. 5 en ut mineur, BWV 1011
No. 6 en ré majeur, BWV 1012

Bruno Philippe, violoncelle

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902684.85
Acheter l’album sur le site du label harmonia mundi ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le violoncelliste Bruno Philippe – Photo : © Clément Vayssières