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Une nouvelle intégrale des Symphonies de Gustav Mahler ? Oui, et avec l’orchestre qui en restitue le plus naturellement la poétique. Václav Neumann aura infusé par deux fois à cet univers une tension dramatique certaine. Sa première intégrale pour Supraphon aura eu ses zélateurs comme ses détracteurs, les derniers préférant ses gravures leipzigoises des 5e, 7e, et 9e. La seconde quasi-intégrale, qui n’aura vraiment circulé qu’au Japon, dévoile des lectures d’une toute autre altitude, avant que Zdeněk Mácal ne retrempe la Philharmonie Tchèque dans une veine expressionniste.

Foin des traditions, Semyon Bychkov invite Vienne à Prague, commençant son parcours Mahler avec une Quatrième Symphonie classique, lumineuse de discours et de timbre, si équilibrée que sa conception finit par lisser le caractère si singulier des bois et des vents tchèques.

Un contresens ? Plutôt un contrepied, qui force l’orchestre à approfondir son Mahler, à l’envisager sous d’autres angles, privilégiant l’océan des cordes.

Soudain, dans le centre orageux du Ruhevoll, un sentiment tragique s’invite, que les Tchèques n’y avaient jusque-là pas mis. Cela devrait augurer de 6e et 7e Symphonies de haut vol.

Finale trop fluide, la faute à Chen Reiss, soprano flûté mais sans vrai caractère, belle voix cependant.

J’attends la suite.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 4

Chen Reiss, soprano
Orchestre Philharmonique Tchèque
Semyon Bychkov, direction

Un album du label Pentatone PTC5186972
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Photo à la une : le chef d’orchestre Semyon Bychkov – Photo : © DR