Grand Schubert

La petite la majeur ? Ferenc Vizi ne l’entend pas ainsi, qui dès le premier thème renonce à toute joliesse, phrase en liedersänger, ombre avec cette main gauche diseuse que tant de pianistes négligent chez Schubert, qui pourtant y contre-chante et contrepointe tout.

Une inquiétude paraît, elle ne quittera plus le pianiste malgré son incroyable maîtrise de chaque détail du texte, elle explosera dans les traits de la section centrale, joués comme par un orchestre. Soudain, le Schubert des ultimes opus s’invite, une certaine gravité madrera le dacapo avant un Andante très Winterreise. La danse d’elfes du Finale elle-même ne sera pas sans ombre.

Et les Impromptus ? Une autre sonate, que Ferenc Vizi joue ample, construisant une arche qui réunit les quatre dans une logique foudroyante, qui transforme le second Impromptu, pris preste (Rudolf Firkušný faisait ainsi) en un petit scherzo.

Merveilleux Andante où le pianiste fait chanter le thème de Rosamunde, avant un Finale aussi brillant que tendu : le rythme piaffe, le sang roumain du pianiste évoque tout un certain monde balkanique que Schubert avait perçu au travers de la musique hongroise, la section centrale pleine de traits interrogatifs surprendra en bien. L’assombrissement des dernières pages, où le pianiste semble retenir et son souffle et ses doigts, est prodigieux.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano (No. 13) en la majeur, D. 664
4 Impromptus, D. 935

Ferenc Vizi, piano

Un album du label Paraty 101109
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Photo à la une : le pianiste Ferenc Vizi – Photo : © Arthur Forjonel