Saisissant

La doxa de l’interprétation historiquement informée serait-elle contestée ? Après Augustin Haedelich, Leonidas Kavakos ose le cahier absolu du violon polyphonique en ne reprenant rien de ce que Kuijken et ses émules y auront réécrit. Manière de rappeler que les grands archets du XXe siècle, de Yehudi Menuhin à Nathan Milstein, en passant par Henryk Szeryng, auront réinventé cet opus magistral qui dormait dans la poussière des bibliothèques ?

Peut-être, mais Leonidas Kavakos ne s’accommode d’aucune filiation, son archet vif refuse de philosopher, distillant le plaisir immédiat du jeu physique exaltant. Ce n’est pas une épure, mais bien un récit, un théâtre des émotions qui culmine dans les Adagios, les Andantes, les Allemandes. Soudain l’espace harmonique se creuse, les polyphonies sont transparentes et sensibles à la fois, le propos s’assombrit, faisant oublier, dans le grave comme dans le brillant, une virtuosité qui s’est muée en pur sens.

On tient sans doute ici l’acmé de l’art de ce musicien sans équivalent, partout il aura parlé sa langue, clairvoyante, aventureuse, irrésistible pour qui lui donnera un peu d’attention. Laissez-vous embarquer !

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Les Sonates et Partitas pour violon seul (Intégrale)

Partita No. 3 en mi majeur, BWV 1006
Sonate No. 3 en sol majeur, BWV 1005
Sonate No. 2 en la mineur, BWV 1003
Sonate No. 1 en sol mineur, BWV 1001
Partita No. 1 en si mineur, BWV 1002
Partita No. 2 en ré mineur, BWV 1004

Leonidas Kavakos, violon

Un album de 2 CD du label Sony Classical 19439903132
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Photo à la une : le violoniste Leonidas Kavakos – Photo : © Marco Borggreve