Brahms heureux

À la bascule des années 1860, Brahms resserra en deux opus son orchestre dans deux fabuleux Sextuors. Forme de symphonie, mais ton de sérénades. Cette ambigüité si tentante, les Belcea et leurs deux amis s’y engagent sans frein, jouant amoroso ces merveilles lyriques belles comme des nuits d’été constellées d’étoiles.

La pure splendeur formelle de leur jeu plonge l’auditeur au cœur de l’écriture polyphonique que déploie Brahms au long des deux opus.

Est-ce leur virtuosité transcendante, la qualité si précise, de timbres, de rythmes, de phrasés, de leur écoute mutuelle, cette volonté de ne rien appuyer (écoutez le célèbre Andante du Premier Sextuor) qui rendent leur interprétation si touchante ?

On suit mesure à mesure ce double voyage, le chant pour paysage, et le phrasé comme ligne d’horizon. Les six amis choisissent une optique absolument chambriste, comme à revers de tant de versions qui auront d’abord voulu y imaginer un orchestre en abrasant les cordes. Ici, les archets caressent ; soudain, les lacis harmoniques, derrière la beauté un peu enivrée des paysages, font entrevoir un nouveau monde de musique : ce miroitement des timbres n’est-il pas déjà celui des Symphonies de chambre de Schönberg ?

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms (1833-1897)
Sextuor à cordes No. 1 en si bémol majeur, Op. 18
Sextuor à cordes No. 2 en si bémol majeur, Op. 36

Tabea Zimmermann, alto
Jean-Guihen Queyras,
violoncelle
Quatuor Belcea

Un album du label Alpha Classics 792
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Photo à la une : les membres du Quatuor Belcea, avec leurs invités – Photo : © DR