Le chant de la nuit

L’entre chien et loup déchirant qui ouvre le Premier Quatuor pourrait couler de la plume d’Alban Berg, sonnet lyrique d’une sombre tendresse, qui semble sous-tendue par un poème : Bartók fut-il jamais plus près de la Seconde Ecole de Vienne qu’ici ?

Comme jadis les Alban Berg, les Jerusalem tissent cette nuit lyrique en partant de Vienne, c’est non seulement juste, mais émouvant au-delà du dicible, lorsque l’alto d’On Kam déclame le thème du violoneux. Tant de poésie émanant simplement du jeu de timbre montre qu’ils ont tourné le dos à l’idée d’un Bartók faisant sa révolution dans ses Quatuors, comme l’auront démontré avec tant d’autorité les Juilliard. Non, ils regardent plutôt du côté de Chostakovitch, lisant ici un journal intime, jusque dans les folies du 5e Quatuor.

Il aura donc fallu attendre deux années avant qu’Alexander Pavlovsky et ses trois amis enregistrent, après les Quatuors pairs, les Quatuors impairs. Ceux qui ne connaissaient pas leur premier jalon, après avoir entendu ce saisissant second, ne manqueront pas de le chercher.

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)
Quatuor à cordes No. 1, Op. 7, Sz. 40, BB 52
Quatuor à cordes No. 3, Sz. 85, BB 93
Quatuor à cordes No. 5, Sz. 102, BB 110

Jerusalem Quartet

Un album du label harmonia mundi HMM902667
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Photo à la une : les membres du Quatuor de Jerusalem – Photo : © DR