Cantates d’atelier

Benedetto Marcello était incapable de s’extraire de son génie, comme de ne pas céder à ses tropismes. La cantate à fond mythologique ou moral, genre si prisé à Venise, n’aurait pu l’éviter qu’elle l’aurait voulu. De toute façon l’amour en est l’objet, ses tourments le sujet, un violoncelle, un luth, un clavecin suffiront, et là où devrait chanter quelques voix glorieuses échappées des théâtres vénitiens, Marcello leur préférera la voix de basse, si malhabile pour séduire le public des salons (où les cantates se faisaient entendre).

Sergio Foresti a bien compris l’enjeu, qui est à peine de chanter mais surtout de dire. La voix de basse, c’est la voix de Saul ou celle du Cyclope, c’est tout un imaginaire à rebours des galanteries arcadiennes, objet l’amour, sujet l’âme, au long des cinq cantates, il empoigne les textes, fait sourdre les tourments, force l’admiration dans le maigre alliage qui l’accompagne, magnifiant le génie de ce compositeur juif qui aura toisé la Venise patricienne, lui imposant son art si peu enclin à se plier aux canons du temps.

Et si demain sa basse agile allait visiter, portée par un ensemble plus soutenu, les Psaumes ardents que Marcello a écrits pour son registre, en commençant par le redoutable Psaume XLII ?

LE DISQUE DU JOUR

Benedetto Marcello (1686-1739)
Udite, amanti, SF A356
Che io viva in tante pene, SF A55
Quanta pietà mi fate, SF A278
Lungi, speranze, SF A182
Poiché fato inumano, SF A252

Sergio Foresti, baryton
Ensemble Due venti

Un album du label Challenge Classics CC72894
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Photo à la une : le baryton Sergio Foresti – Photo : © DR