Loin de Venise

Exilé dans ses terres napolitaines, à deux années de sa mort, le Prince assassin invente un arsenal de raffinements supplémentaires pour ses deux ultimes Livres de madrigaux. Le Cinquième paraîtra en même temps que le Sixième, en tant « qu’œuvre faite », la partition comportant les cinq voix alors qu’il était d’usage de les publier en parties séparées.

Miracle, Philippe Herreweghe et ses chanteurs parviennent à rendre lisibles les chromatismes expressifs, les affetti, les polyphonies subtiles et touffues, mais également à magnifier les structures complexes de ces madrigaux tardifs où l’on peut lire l’influence de Luzzasco Luzzaschi, qui avait raffiné l’écriture madrigalesque au point de la rendre hermétique.

Le souvenir du Ferrarais est omniprésent au long de ce Cinquième Livre, mais sculptant les voix comme un Bernin, Philippe Herreweghe donne à ces textes transparents à force de sensualité, des élans de lumière, une puissance expressive que peu d’ensembles madrigalesques ont su atteindre au disque malgré la multiplication de propositions récentes.

Après avoir enregistré les chefs-d’œuvre absolus que sont les madrigaux des deux derniers Livres, il lui faut se pencher maintenant sur les quatre premiers cahiers. Le voudra-t-il ? Je l’espère.

LE DISQUE DU JOUR

Carlo Gesualdo (1566-1613)
Madrigali a cinque voci, libro 5

Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction

Un album du label PHI LPH036
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Photo à la une : © Phi