Les deux Concertos de Schumann

Thomas Albertus Irnberger n’hésite pas, il ouvre son disque avec le Concerto pour violoncelle. La faute à Joachim, qui, amoureux de l’œuvre, avait demandé à Schumann l’autorisation de l’adapter pour son violon. Il en réalisa admirablement la partie solistique, la transposant à l’octave supérieure, sans dénaturer le caractère ténébreux de l’œuvre. La cadence du Finale ne perd rien de son étrangeté et le violoniste chante en liedersänger ce concerto-ballade, parfaitement accordé à l’orchestre empli de paysages dont l’enveloppe Martin Sieghart et ses musiciens de Spirit of Europe.

Le Concerto pour violon, dont Georg Kulenkampff et Yehudi Menuhin se firent les champions lorsque la partition fut redécouverte en 1937, est un chef-d’œuvre malgré les réserves de Joachim, qui ne trouvait pas l’œuvre aisée.

C’est une symphonie déguisée en concerto, qui coule quasi en un seul geste ses trois mouvements, le violon ne cessant de jouer, il faut lui donner un ton fiévreux, halluciné. Qui s’étonnera de trouver l’archet expressionniste du jeune violoniste plus proche de celui de Kulenkampff – sinon dans le Finale qu’Irnberger tient dans le tempo de polonaise que trop brusquent – que de celui du jeune Menuhin ? Pas moi, qui range ce disque à côté de ceux de ses aînés, juste avec celui d’Henryk Szeryng. Ils seront l’un et l’autre, en égale bonne compagnie.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, Op. 129 (version pour violon)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, WoO 23

Thomas Albertus Irnberger, violon
Spirit of Europe
Martin Sieghart, direction

Un album du label Gramola 98834
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Photo à la une : le violoniste Thomas Albertus Irnberger – Photo : © DR