Grand piano

Les quatre Scherzos sont l’un des défis majeurs du piano de Chopin, techniquement au même titre que les Etudes, et poétiquement au même degré que les Ballades. Les fureurs entêtées du Scherzo en si mineur veulent non seulement des doigts fulgurants, mais aussi assez de puissance pour ouvrir grand l’espace du piano. Seong-Jin Cho l’élance et lui donne immédiatement cette ampleur d’une sonorité assise sur un médium gorgé d’harmoniques. Magnifique, et d’une tenue stylistique qui derrière les splendeurs picturales à la Delacroix n’oublie jamais la logique de la forme et la hauteur du discours.

Cette manière altière, ce grand jeu sans sentimentalité, qui empoignent les textes mais savent aussi les conduire loin dans leur imaginaire, trouveront pour chaque Scherzo la narration exacte et les couleurs savamment différenciées, qui dévoilent d’un presto à l’autre des univers bien plus divers qu’on ne le suppose.

Le Quatrième semble venir d’un autre monde, et il faut avouer qu’après cela plonger dans un Deuxième Concerto très réfléchi et admirablement réalisé fait hiatus. Echo d’un concert ajouté pour faire bon poids ou studio ?

LE DISQUE DU JOUR


Frédéric Chopin
(1810-1849)
Scherzo pour piano No. 1 en si mineur, Op. 20
Scherzo pour piano No. 2 en si bémol mineur, Op. 31
Scherzo pour piano No. 3 en ut dièse mineur, Op. 39
Scherzo pour piano No. 4 en mi majeur, Op. 54
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en fa mineur, Op. 21
Étude en ut mineur, Op. 10 No. 12 « Révolutionnaire »
Impromptu pour piano No. 1 en la bémol majeur, Op. 29
Nocturne en mi bémol majeur, Op. 9 No. 2

Seong-Jin Cho, piano
London Symphony Orchestra
Gianandrea Noseda, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 00028948604357
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Photo à la une : le pianiste Seong-Jin Cho – Photo : © Christoph Köstlin