Tropisme Stravinsky

Plus que Claudio Abbado ou Riccardo Muti, les deux autres héros de la triade des jeunes chef italiens qui métamorphosèrent la vie des phalanges symphoniques à compter des années 1970, Riccardo Chailly s’attacha à enregistrer l’œuvre d’Igor Stravinski.

Un premier album publié en Italie sous étiquette Ricordi et enregistré à Londres en août 1979 avec le London Sinfonietta se consacrait déjà à des raretés que jusque-là seul le compositeur avait vraiment défendues mordicus : Dumbarton Oaks, Tango, Ragtime, les Danses concertantes, le Divertimento, c’était pour débuter ici se signaler face à ceux qui en restaient au trois ballets russes.

Decca, ayant la bonne idée d’assembler la somme engrangée durant plus de quarante ans, l’édite à l’orée d’un coffret soigné à l’iconographie choisie, reprenant tous les enregistrements justement célèbres avec le Concertgebouw (stupéfiant Oiseau de feu, Apollon musagète opulent, Jeu de cartes brillantissime) ou le RIAS-Berlin dont la pointe plus sèche va comme un gant au Chant du rossignol ou à la Symphonie de psaumes et magnifie Le Roi des étoiles, opus magique qui indique une direction dans l’orbe de Scriabine à laquelle Stravinski renoncera.

S’y ajoutent les albums parfois plus récents avec Cleveland ou Lucerne, le London Sinfonietta tissant un fil rouge qui, de l’Octuor en passant par les Suites pour petit orchestre aboutira à la plus parfaite version du Rake’s Progress immortalisant le Tom Rakewell de Philip Langridge et le Nick Shadow de Samuel Ramey, avec en caméo la Mother Goose d’Astrid Varnay.

L’éditeur ajoute deux prises en concert au Concertgebouw, un Oedipus Rex sidérant de puissance dramatique avec un parfait Robert Dean Smith et la Jocaste de Waltraud Meier, le tout emporté par un récitant néerlandais transcendant, John Leysen, et une lecture éblouissante du Concerto pour violon avec Alexander Kerr, deux captations qui ne furent disponibles que fugitivement dans une édition confidentielle.

Somme indispensable à toute discothèque stravinskienne.

LE DISQUE DU JOUR

Igor Stravinsky
(1882-1971)

Le Faune et la bergère, Op. 2
Feu d’artifice, Op. 4
Chant funèbre
Scherzo fantastique, Op. 3
Le sacre du printemps
(version 1947)

Lucerne Festival Orchestra

Feu d’artifice, Op. 4
Le Roi des étoiles*
Le chant du rossignol
Symphonie de psaumes
Radio-Symphonie-Orchester Berlin*Rundfunkchor Berlin

Scherzo fantastique, Op. 3
Le chant du rossignol
Pulcinella (ballet complet)
Anna Caterina Antonacci, soprano – Pietro Ballo, ténor – William Shimell, basse
Jeu de cartes
Oedipus Rex
Johan Leysen, narrateur – Juha Uusitalo, baryton (Créon, Le Messager) –
Jan-Hendrik Rootering, basse (Tiresias) – Waltraud Meier, mezzo-soprano (Iocasta) – Robert Dean Smith, ténor (Oedipus) – Marcel Reijans, ténor (Le Berger) – The Netherlands Radio Choir

Concerto pour violon en ré
Alexander Kerr
L’Oiseau de feu – Suite de ballet, version 1945
Pétrouchka (version 1947)
Apollon musagète
Agon
Royal Concertgebouw Orchestra

Renard
Philip Langridge, ténor – Neil Jenkins, ténor –
Derek Hammond-Strou, baryton – Robert Lloyd, basse

L’Histoire du soldat – Suite
Octet
Suite No. 1 pour petit ensemble
Suite No. 2 pour petit ensemble
Ragtime pour 11 instruments
Divertimento (Suite du « Baiser de la fée »)
Concerto en mi bémol, « Dumbarton Oaks »
Tango
Danses concertantes
The Rake’s Progress
John Dobson, ténor (Sellem) – Astrid Varnay, soprano (Mother Goose) –
Matthew Best, basse (Keeper) – Stafford Dean, basse (Trulove) –
Samuel Ramey, basse (Nick Shadow) – Sarah Walker, mezzo-soprano (Baba) –
Cathryn Pope, soprano (Anne) – Philip Langridge, ténor (Tom Rakewell) –
London Sinfonietta Chorus
London Sinfonietta

Tango
Leipzig Gewandhausorchester

Quatre impressions norvégiennes
Le sacre du printemps (version 1947)
The Cleveland Orchestra

Riccardo Chailly, direction

Un coffret de 11 CD du label Decca 4851367
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Photo à la une : le jeune Riccardo Chailly à la tête du Concertgebouw, à Amsterdam – Photo : © DR