Le cahier de musique d’ensemble le plus insaisissable ? Oui, et qui aura fasciné de Leppard à Hogwood en passant par Maier, Haenchen ou Pinnock, tous ceux qui voulaient mieux comprendre leur Haydn et leur Mozart. Erreur ! Aucun rapport !
Les six Symphonies « hambourgeoises » que Carl Philipp Emmanuel Bach écrit à compter de 1773 probablement à l’invite du Baron von Swieten sont de pures fantaisies, des caprices d’humeurs qui n’envisagent ni le classicisme ni le romantisme, elles sont inféodées à cette mode du bizarre, à ce goût de l’étrange, du volatile, de l’incertain qui signent l’esthétique du Sturm und Drang. Il y faut des archets diaboliques de légèreté, capables de passer de l’ange à la sorcière, et un ensemble réglé comme une horloge.
Amandine Beyer et ses Inconnus trouvent enfin cette capricieuse fluidité qu’un accent peut faire varier de nature, ils restent concentrés sur cette « humeur » qui détermine le pouvoir de fascination de ces six Symphonies, radicales à leur manière, et qui pour tel n’auront pas de postérité.
Saisies ainsi, leur modernité éclate enfin. Après tout, elles furent les manifestes d’une comète capricieuse que le classicisme allait effacer et le romantisme affadir, voici enfin les six Hambourgeoises dévoilées : singulières, troublantes, uniques.
LE DISQUE DU JOUR
Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Les symphonies pour cordes (Intégrale)
Sinfonia en sol majeur, Wq. 182/1, H. 657
Sinfonia en mi majeur, Wq. 182/6, H. 662
Sinfonia en si mineur, Wq. 182/5, H. 661
Sinfonia en la majeur, Wq. 182/4, H. 660
Sinfonia en ut majeur, Wq. 182/3, H. 659
Sinfonia en mi mineur, Wq. 177, H. 652
Sinfonia en si bémol majeur, Wq. 182/2, H. 658
Gli Incogniti
Amandine Beyer, violon, direction
Un album du label harmonia mundi HMM905321
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Photo à la une : les membres de l’ensemble Gli Incogniti – Photo : © François Sechet/Gli Incogniti (2014)