Album passionnant, qui va fouiller dans les marges des volumes de l’œuvre pianistique de Mendelssohn, quelques merveilles délaissées comme ce Gondellied, feuillet d’album vénitien aux teintes lisztiennes ou ces Études où semble chanter un baryton.
On sait le goût d’Howard Shelley pour les intégrales intégralissimes, qui le pousse à jouer avec tant d’art les pièces pour les enfants, mais ce nouveau volume vaudra pourtant d’abord pour les trois cahiers de variations.
Mendelssohn est un maître de ce genre, il pose un trait d’union entre les gestes également démiurgiques de Beethoven et de Brahms, en reniant celles du premier. L’Andante et Variations en fa de Haydn serait-il sa source ? Qui sait. Les trois opus se placent en regard de ceux de Schumann, cahiers courts, qui dissimulent le tragique sous la poésie, et sont souvent plus sombres que lumineux.
Howard Shelley joue dans une touche nostalgique le chef-d’œuvre que sont les Variations sérieuses, tendant progressivement le discours, lecture d’une éloquence admirable, mais il mettra autant de soin aux deux autres cahiers bien moins courus. Soudain, la lumière revient : quel poète il est dans l’opus choisi des Romances sans paroles, ce piano sans marteaux, cette ligne de chant quasi mozartienne me comblent, sans parler des couleurs.
Vite !, la suite de ce qui constituera à terme l’intégrale de référence qu’on attendait depuis celle de Rena Kyriakou.
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
The Complete Solo Piano Music, Vol. 5
Variations sérieuses en ré mineur, Op. 54
6 Kinderstücke, Op. 72
2 Kinderstücke (1842)
Variations en mi bémol majeur, Op. 82
Gondellied en la majeur, WoO 10
Ein Lied ohne Worte en fa majeur, « An Fräulein Doris Loewe »
Lied en ré majeur
Variations en si bémol majeur, Op. 83
3 Préludes, Op. 104a
3 Études, Op. 104b
Lieder ohne Worte (Romances sans paroles), Livre VI, Op. 67
Howard Shelley, piano
Un album du label Hypérion CDA68344
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Photo à la une : le pianiste Howard Shelley – Photo : © DR