Les Charmes

Frederica von Stade ne fut pas que Cherubino, et pas même seulement, une chanteuse d’opéra. Elle aimait la mélodie, n’était pas avare de récitals, Salzbourg profita justement de sa venue en Chérubin dans Les Nozze de Karajan pour lui en demander un.

Elle l’ouvre avec Les Roses d’Ispahan, mélodie de pur charme, l’une des plus voluptueuses couléee de la plume de Gabriel Fauré. Son chant sans consone où le français flotte en a agacé plus d’un, surtout lorsque l’album monographique qu’elle consacra à l’auteur de L’Horizon chimérique avec Jean-Philippe Collard parut sous étiquette EMI, disque voué aux gémonies dont je me laisse caresser les oreilles sans mauvaise conscience.

Venant d’elle, ce français imprécis ne m’a jamais gêné, si elle ne restitue pas les mots, leur sens rayonne. Qui aurait chanté ces Roses avec tant de parfums dans la voix et tant de nostalgie aussi, sinon Victoria de los Ángeles ? Puis vient Mandoline, et dans le tempo leste, les mots sonnent, comme quoi…

Evidemment, la voix d’ambre et de nacre est divine, quoi qu’elle chante, des Fahrenden Gesellen de Mahler, savamment évocateur (elle allait encore plus loin dans les Rückert), à Charles Ives (sublime Serenity) en passant pas Richard Strauss ou Canteloube, le savant se mariant au populaire dans cette voix hors style, qui impose son sourire partout et jusqu’au bis final, une griserie d’anthologie, chic et trash à la fois, qui rappelle quelle Périchole elle fut, si singulière.

Le charme à l’état pur.

LE DISQUE DU JOUR

Gabriel Fauré (1845-1924)
Les roses d’Ispahan, Op. 39 No. 4
Mandoline, Op. 58 No. 1
4 Mélodies, Op. 51 (2 extraits :
II. Au cimetière, IV. La rose)

Richard Strauss (1864-1949)
Rote Rosen, TrV 119
Die erwachte Rose, TrV 90
Begegnung, TrV 98
Gustav Mahler (1860-1911)
Lieder eines fahrenden Gesellen (version pour voix et piano)
Aaron Copland (1900-1990)
Why Do They Shut Me out of Heaven?
(No. 3, extrait des « 12 Poems of Emily Dickinson »)

Charles Ives (1874-1954)
Serenity
Memories
Thomas Pasatieri (né en 1945)
Vocal Modesty
Joseph Canteloube (1879-1957)
Chants de France, Volume 1 (4 extraits : I. Auprès de ma blonde, II. Où irai-je me plaindre ?, III. A upré de la Rose (Aou prat dé la Roso), VI. D’où venez-vous, fillette ? (D’ound v’enanatz, filheto ?)
Arnold Schönberg (1874-1951)
Brettl-Lieder
(3 extraits : VI. Galathea, VII. Gigerlette, VIII. Seit ich so viele Weiber sah)

Francis Poulenc (1899-1963)
Fêtes galantes (No. 2, extrait des « 2 Poèmes de Louis Aragon, FP 122″)
Jacques Offenbach (1819-1880)
Ah! Quel diner je viens de faire, extrait de « La Périchole »

Frederica von Stade, mezzo-soprano
Martin Katz, direction
Enregistré en concert à Salzbourg, le 18 août 1986

Un album du label Orfeo C870121B
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Photo à la une : la mezzo-soprano Frederica von Stade – Photo : © DR