Servir Mozart

Parmi la théorie des instrumentistes auto-propulsés chefs d’orchestre, Alexander Lonquich passa relativement inaperçu. Dommage, car l’écho de ce concert au Mozarteum donne envie d’en entendre plus, Danses allemandes pleines d’esprit jusque dans sa turquerie ironique, Symphonie « Linz » altière, très dessinée (ces cordes qui attaquent), Musique funèbre maçonnique sépulcrale, qui vient étrangement assombrir l’atmosphère jusque là solaire. Était-ce pour opérer une transition avec les brillantes élégies du 22e Concerto, cet opus chéri par Wanda Landowska qui lui donna pour notre vingtième siècle un visage inoubliable ?

Après tout, Alexander Lonquich est resté d’abord pianiste, Mozart fut toujours un des objets de son art, tôt il le documentera avec un album où il préférait aux Sonates des pièces brèves, disque magnifique disparu depuis longtemps et qui fit comme un prélude à l’intégrale des Sonates pour violon et clavier avec Frank Peter Zimmermann, autre manière de servir Mozart plutôt que de s’en servir.

Les Italiens eurent la chance de l’entendre faire une quasi-intégrale des Concertos, et les faire avec une élégance, une simplicité, une pudeur que l’on retrouve intactes dans ce fluide 22e joué sur les pointes, miraculeux par son absence de sentiments, son giocoso tendre, ses lumières diffuses, ses ornements de pure fantaisie. Ne serait-ce que pour lui, connaître ce concert est indispensable.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
6 Deutsche Tänze, KV 571
Symphonie No. 36 en ut majeur, K. 425 « Linz »
Maurerische Trauermusik,
K. 477

Concerto pour piano et orchestra No. 22 en mi bémol majeur, K. 482

Alexander Lonquich, piano
Mozarteum Orchester Salzburg
Enregistré à Salzbourg, le 9 août 2009

Un album du label Orfeo C842111B
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Alexander Lonquich – Photo : © DR