Jeunesse

Hasse, comme tout bon jeune compositeur allemand, fit le voyage d’Italie, et le poussa jusqu’à Naples où l’attendaient deux rencontres décisives, Alessandro Scarlatti et Porpora, qui le feront ce qu’il rêvait d’être, un maître dans le domaine de l’opéra.

Farinelli ne tardera pas à s’intéresser lui aussi à un jeune homme aussi doué dont la plume agile flattait avec tant d’effets les instruments virtuoses des castrats. Pour Naples, il écrira ses premiers chefs-d’œuvre lyriques où son génie mélodique éclate dans un orchestre multicolore qui n’avait rien à envier à ceux de ses rivaux italiens. Ses ouvrages pour le théâtre San Bartolomeo connurent un écho grandissant, et bientôt Venise lui commandera deux grands opéras, Artaserse et Dalisa. Auréolé de tous ces succès, Hasse revint à Dresde où son génie lyrique atteindra sa maturité.

De son temps de Naples, outre six opéras, il composa avec la même plume inventive des Sérénades qui ne se différencient guère de ses tragédies pour la musique, leurs intrigues étant plus simples.

Ce fut d’ailleurs avec une sérénade, Marc Antonio e Cleopatra, où parut Farinelli, qu’il se tailla à Naples son premier succès. Stefano Montanari lui préfère cet Enea in Caonia donné en 1727 (soit deux années après Marc Antonio e Cleopatra, entre temps dans le même registre avait été donnée Semele), dont les beautés sont simplement étourdissantes : orchestre melliflu, airs ornés d’une expressivité entêtante, auquel la direction enlevée de Stefano Montanari donne de vrais airs de grand opéra.

L’Enea altier de Franscesca Ascioli n’y est pas pour peu, diamant d’une distribution par ailleurs modeste mais qui suffit pour prendre la mesure de cette troisième sérénade pour Naples en espérant que Stefano Montanari se penchera sur les deux autres.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Adolf Hasse
(1699-1783)
Enea in Caonia

Carmela Remigio, soprano (Ilia)
Francesca Ascioti, contralto (Enea)
Celso Albelo, ténor (Andromaca)
Raffaella Lupinacci, mezzo-soprano (Eleno, femme d’Andromaca)
Paola Valentina Molinari, soprano (Niso, reine de Caonia)

Enea Barock Orchestra
Stefano Montanari, direction

Un album de 2 CD du label CPO 555334-2
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Photo à la une : © DR