Pour Mozart

Certaines révolutions étaient passées par là, dont celle d’Harnoncourt, et d’autres plus strictement historiquement informées d’abord, mais même si Sándor Végh, en musicien consommé, les entendait et les connaissait, il n’en avait pourtant au fond guère cure.

Son Mozart, fréquenté en quatuor du violon depuis que sa main gauche caressait ou serrait les cordes et que son archet se savait soprano lui courait dans les veines, et avec sa très peu Académique Camerata Salzburg, il avait mis bien du sang neuf aux Sérénades, Marches, Cassations, Danses et autres Sérénades, Decca se risquant même, après une intégrale des Concertos melliflue où András Schiff, redevenu jeune, caracolait, à lui demander la Jupiter.

Temps heureux qui se reflète dans les concerts salzbourgeois courants de 1988 à 1993 où paraît pour trois concertos András Schiff justement ; il est plus libre qu’au disque, mais moins certain de ses effets. Ce sera le seul bémol, tout le reste est d’une musicalité enthousiasmante, d’un naturel qui va jusqu’au déboutonné et qu’on ne pardonnerait à personne d’autre qu’à Végh, cette vitalité est sans prix. Deux merveilles rendent le petit coffret encore plus précieux, deux airs de concerts où Daphné Evangelatos met son soprano pulpeux : András Schiff la rejoint pour Chio mi scordi di te ?.

Plus délicat d’écoute, et d’approbation reste le disque qui couple la Prague et la Jupiter. La première manque d’élan, mais on est tard (1996), ceci expliquant peut-être cela. La Jupiter captée plus tôt (1992) est autrement éclatante, sans pourtant atteindre à la concentration de l’album Decca.

Alors laissez-vous plutôt tenter par le disque des Sérénades regroupant des extraits de deux concerts donnés en 1986 et herborisant de Mozart à Wolf – irrésistible Sérénade italienne avec quelque chose d’un peu ivre, en passant par Mendelssohn et Dvořák. Le public exulte, et moi aussi.

LE DISQUE DU JOUR

Sándor Végh
Salzburger Mozart Matineen, 1988-1993

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Cassation en sol majeur, K. 63
Concerto pour piano et orchestre No. 11 en fa majeur, K. 413
Divertimento No. 10 en fa majeur, K. 247
Cassation en si bemol majeur, K. 99
Concerto pour piano et orchestre No. 8 en ut majeur, K. 246 « Lützow »
Divertimento en ré majeur, K. 136
Symphony No. 25 en sol mineur, K. 183
Divertimento en mi bemol majeur, K. 113
Concerto pour piano et orchestre No. 13 en ut majeur, K. 415
Chi sà, chi sà, qual sia, K. 582
Ch’io mi scordi di te … Non temer, amato bene, K. 505
Sérénade No. 13 en sol majeur, K. 525 « Eine kleine Nachtmusik »

András Schiff, piano
Daphne Evangelatos, mezzo-soprano
Camerata Salzburg
Sándor Végh, direction
Un coffret de 3 CD du label Orfeo C147073D
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Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie No. 38 en ré majeur, K. 504 « Prague »
Symphonie No. 41 en ut majeur, K. 551 « Jupiter»

Camerata Academica Salzburg
Sándor Végh, direction
Un album du label Orfeo C486981B
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Wolfgang Amadeus Mozart
Serenata notturna en ré majeur, K. 239
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Symphonie pour cordes No. 9 en ut majeur, MWV N 9
Antonín Dvořák (1841-1904)
Sérénade pour cordes en mi majeur, Op. 22, B. 52
Hugo Wolf (1860-1903)
Sérénade italienne (version pour orchestra de chambre)

Camerata Academica Salzburg
Sándor Végh, direction
Un album du label Orfeo C630041B
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Photo à la une : le violoniste et chef d’orchestre Sándor Végh, à IMS Prussia Cove, vers 1980 – Photo : © Angela Heskett