Sonate-vertige

Tiens, l’anniversaire Beethoven a choisi sa proie : les Sonates pour violon et piano. Lorenzo Gatto et Julien Libeer viennent juste de boucler leur version magique, Leonidas Kavakos et Enrico Pace les refont, Deutsche Grammophon fait ressortir de ses limbes le duo SchneiderhanSeemann dans un son !, je ne vous dis que cela (et j’y viens ici bientôt), et voilà que BIS capte dans une prise de son absolument naturelle (et dans la belle acoustique de la Villa Siemens) le petit théâtre d’opéra qu’y inventent Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen.

Ils en sont ici au début, les trois premières Sonates de l’Op. 12 y sont magiquement jouées, le violon évoquant des souvenirs de Mozart, le piano de Martin Helmchen vocalisant, les deux parvenant à un équilibre qui pourtant n’est pas classique, comme celui de Szeryng et de Kempff ou uniment solaire comme chez Francescatti et Casadesus, y imposant une poésie un peu impatiente.

Mais que paraisse la rage obstinée du Presto de la Sonate en la mineur, son Sturm und Drang angoissé, et alors l’archet de Zimmermann abrase, le piano de Martin Helmchen, peint des forêts pour chasseur du Freischütz, le romantisme noir s’engouffre dans ce duo qui ne craint ni l’épique ni le vertige, et pantelant, j’attends la suite !

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour violon et piano No. 1 en ré majeur,
Op. 12 No. 1

Sonate pour violon et piano No. 2 en la majeur,
Op. 12 No. 2

Sonate pour violon et piano No. 3 en mi bémol majeur,
Op. 12 No. 3

Sonate pour violon et piano No. 4 en la mineur, Op. 23

Frank Peter Zimmermann, violon
Martin Helmchen, piano

Un album du label BIS 2517
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Photo à la une : le pianiste Martin Helmchen et le violoniste Frank Peter Zimmermann – Photo : © DR