Mozart en mélodies

La patrie de Mozart fit toujours une place de choix à ses lieder, les chanteurs étaient là, il n’y avait qu’à loger leurs accompagnateurs (qui parfois, souvent, répétaient les ouvrages lyriques durant les lectures préalables en atelier), et à répartir année après année de quoi constituer le bouquet que vous découvrirez ici, et qui sélectionne, en plus !

Les sopranos légères se taillent la part du lion, c’est pour elles que Mozart a écrit. Seefried, évidement divine trousse les textes et met une animation insensée à tout ce qu’elle y chante, plus !, y fait paraître des personnages, avec ce supplément d’âme, cette venue plus claire des affects qu’elle eut toujours mieux au concert qu’au disque.

Mathis est délicieuse, voix plus lisse, mais diseuse fascinante jusque dans le français de Dans un bois solitaire, qu’elle fait comme une scène de théâtre, Helen Donath a la voix du bon Dieu (et le timbre d’un ange, mais mutin !), ses quatre Lieder passent trop vite. L’éloquente sélection osée le 4 août 1984 par Edita Gruberova, vraie liedersängerin – on méconnaît trop cette part de son art – élargit le cadre, grande voix qui compose les lieder en cantate, leur donne une projection, une ardeur et une fantaisie capiteuse – écoutez son Un moto di gioia qui eut fait danser Da Ponte lui-même.

Mais tous ces splendides gosiers ne doivent pas cacher le fini, l’élégance nostalgique, l’inspiration lyrique si prégnante qu’Ingeborg Hallstein et Erik Werba mettent à leur huit Lieder : An die Einsamkeit est impérissable, comme tout le grand ensemble où Peter Schreier met des ailes à sa voix, dore son timbre, porté par la poésie naturaliste du piano de Jörg Demus, alliance imparable. On glanera aussi Berry et Werba pour la Kleine deutsche Kantate que Gruberova et Schreier donnent également.

Ensemble magique, infiniment précieux.

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Lieder Salzburg, 1958-1984

An Chloe, K. 524
Die Verschweigung, K. 518
Als Luise die Briefe, K. 520
Un moto di gioia, K. 579
Das Lied der Trennung, K. 519
Sehnsucht nach dem Fruhling, K. 596
Die Zufriedenheit, K. 349/367a
Das Kinderspiel, K. 598
Die kleine Spinnerin, K. 531
An die Einsamkeit, K. 391/340b
Das Veilchen, K. 476
Oiseaux, si tous les ans, K. 307/284d
Ridente la calma, K. 152/210a
An die Hoffnung, K. 390/340c
Die betrogene Welt, K. 474
Komm, liebe cithare, K. 351/367b
Abendempfindung, K. 523
Das Traumbild, K. 530
Dans un bois solitaire, K. 308/295b
Die ihr des unermesslichen Weltalls Schopfer ehrt, K. 619
Des kleinen Friedrichs Geburtstag, K. 529
Der Zauberer, K. 472
Wie unglucklich bin ich nit, K. 147/125g

Irmgard Seefried, soprano
Ingeborg Hallstein, soprano
Helen Donath, soprano
Peter Schreier, ténor
Walter Berry, baryton
Edith Mathis, soprano
Edita Gruberova, soprano

Un album de 2 CD du label Orfeo C7090621
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Photo à la une : la cover d’un LP de la soprano Ingeborg Hallstein, dédié aux Arias de Mozart chez Eurodisc (Sony) – Photo : © DR