Prey le poète

Der Sänger : Hermann Prey et Gerald Moore ouvrent leur soirée Schubert par un lied qui est un récit, où le dire est partagé ensemble par la voix et le clavier, manière de caler d’emblée une alliance magique qui va dorer à l’or fin tout ce concert.

Le baryton si généreux de Prey trouve dans les suggestions de Moore une manière de sublimation, ses mots à fleur de lèvres s’émancipent sur les ailes de ce clavier, leur alliage magique fait regretter que Moore se soit dans les années soixante tant donné à Dietrich Fischer-Dieskau alors que la musicalité qui enrobe les mots, la vocalité mozartienne de Prey, simplement la sensualité toujours enjouée parce que nostalgique, sont idéalement dans la sonorité même de Moore, qui libéré de tous les carcans intellectuels chante et contre-chante comme jamais : écoutez-les seulement dans l’Abschied d’un Schwanengesang au raffinement inouï, qui refuse les précipices pour mieux concentrer l’émotion.

Trois bis où tout le plaisir de chanter si physique d’Hermann Prey éclate dans le miel de ses phrases : courrez entendre son Musensohn où il met des talons à sa ronde. Plus personne ne chante ainsi.

LE DISQUE DU JOUR


Franz Schubert
(1797-1828)

Der Sänger, D. 149 (1ère version)
3 Gesänge des Harfners, D.478
Schwanengesang, D. 957
Der Musensohn, D. 764b
Im Abendrot, D. 799
An Sylvia, D. 891

Hermann Prey, baryton
Gerald Moore, piano
Enregistré à Salzbourg le 14 août 1964

Un album du label Orfeo C911151B
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Photo à la une : le baryton Hermann Prey – Photo : © Deutsche Grammophon