Préludes fantasques

Scriabine et Rachmaninov auront imaginé leurs Préludes en partant de Chopin, Dmitri Kabalevski parfois de Bach, mais d’assez loin : les Six Préludes et Fugues, Op. 61 s’en servent comme prétexte à des pièces descriptives ou narratives.

Mais quelle surprise de voir que l’Opus 1 du compositeur de Colas Breugnon est un recueil de trois préludes, assez scriabinien dont le ton se retrouvera quasi à l’identique dans le cahier de l’Opus 5. Dmitri Kabalevski fut un pianiste de première force, et il sut écrire avec brio et avec art pour le piano, c’est certainement ce qui aura séduit Michael Korstick qui avait déjà l’intégrale des Concertos.

La qualité de son écriture éclate à plein dans le cycle impertinent de l’Opus 38, 24 Préludes comme chez Chopin, qui sont autant de fulgurantes pièces de caractère que de redoutables études : il faut ici un virtuose capable d’envoler le clavier, de caractériser d’un trait ces pages parfois si brèves où l’humour (le Vivace scherzando) le dispute à la poésie, et que Michael Korstick joue avec en tête le pianisme fulgurant et mystérieux des cycles de Prokofiev : les Sarcasmes, les Visions fugitives auront certainement inspiré l’univers saisissant de ces Préludes, chefs-d’œuvre de la musique du piano russe à l’ère soviétique enfin révélés.

LE DISQUE DU JOUR

Dmitri Kabalevski
(1904-1984)
24 Préludes, Op. 38
6 Préludes & Fugues, Op. 61
3 Préludes, Op. 1
4 Préludes, Op. 5

Michael Korstick, piano

Un album du label CPO 555272-2
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Photo à la une : Tableau de Nicholas Roerich, Au Tibet dans l’Himalaya – Photo : © DR