Posthume

Une diva s’empare de la Burleske de Richard Strauss, y cille, y vacille, s’y épanche dans des rubatos qui ne devraient pas et dans des alanguissements de salon que Claudio Arrau aurait fustigés, lui qui ici faisait fuser son clavier.

Le problème de Daniil Trifonov : être trop intelligent et aussi trop artiste, pourtant cela ne l’empêche pas de sombrer avec délice dans un narcissisme qui épuise tout l’esprit caustique, le ton délicieusement pastiche baroque dont Strauss aura troussé cet opus de pure fantaisie. Impeccable, et bon prince comme il savait l’être, Mariss Jansons le suit, fait tout ce que lui demande son soliste, à vrai dire j’écoute plutôt l’orchestre que le pianiste.

Et quitte à écouter vous aussi l’orchestre, vous irez plutôt à la symphonie initiatique que Mariss Jansons tire d’Also sprach Zarathustra, non plus ce poème symphonique dont Karl Böhm emportait la narration, mais une méditation orchestrale quasi philosophique où les Bavarois se surpassent, connaissant toutes les arcanes d’une partition piégeuse. L’esprit souffle ici, serait-ce le plus beau des enregistrements straussiens de ce génie de la direction d’orchestre qui vient de nous quitter ?

LE DISQUE DU JOUR

Richard Strauss (1864-1949)
Also sprach Zarathustra,
Op. 30, TrV 176

Burleske pour piano et orchestre en ré mineur,
TrV 145

Daniil Trifonov, piano
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Mariss Jansons, direction

Un album du label BR-Klassik 900182
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Photo à la une : le chef d’orchestre Mariss Jansons – Photo : © DR