L’Aube

Crépusculaires, les ultimes opus que Johannes Brahms destina à son cher piano, le compagnon de sa jeunesse chez Schumann ? Stephen Hough, dès le Capriccio qui ouvre l’Opus 116 réfute cela, jouant emporté, faisant sonner le clavier en tempête. Il fait surtout entendre les singularités de cette langue qui soudain semble si moderne, si tranchante, et qui en 1892 était simplement inouïe.

Avec son art des timbres, son jeu naturellement noble, il anime ces textes en les propulsant dans une lumière crue, à contrario de tant de pianistes qui les auront joué sous l’abat-jour, et soudain ce ne sont plus des moments, mais un voyage qui se poursuit entre les quatre cahiers qu’on aura rarement entendu aussi unis.

Et lorsque le pianissimo envahit tout, Hough se fait poète, peignant la nuit elle-même, plus tragique que sous bien d’autres doigts. L’Opus 119 sonne à ce titre comme une décantation, de la musique quasi abstraite dans laquelle Schönberg se reconnaîtra.

Mais soudain le jeune Brahms revient danser pour une Rhapsodie qui résonne comme un hymne à l’aube des musiques nouvelles. Remarquable vision où Stephen Hough se souvient de ses lectures emportés, ombreuses, des Ballades et de la Troisième Sonate. Tentera-t-il demain les cahiers de Variations, autre visage du piano de Brahms ?

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
7 Fantasien, Op. 116
3 Intermezzi, Op. 117
6 Klavierstücke, Op. 118
4 Klavierstücke, Op. 119

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68116
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Photo à la une : le pianiste Stephen Hough – Photo : © Sim Canetty-Clarke