Le secret du jardin

Un album monographique consacré aux œuvres de jeunesse d’Henri Dutilleux avait signalé le travail érudit entrepris par Pascal Rophé avec l’Orchestre National des Pays de la Loire. La clarté des timbres, l’élégance du geste, les rythmes impeccables se retrouvent dans l’intégralité du Festin de l’araignée que l’on n’entend plus guère autrement que réduit à sa suite d’orchestre.

Hors, Le Festin est une pantomime, Roussel en a écrit l’orchestre de sa plume la plus effilée, et Pascal Rophé fait tout entendre de cette merveille chambriste, aux transparences infinies, aux plans diffractés, y appliquant un art d’éclairagiste, et quasiment d’éclairagiste de cinéma : l’action dansée s’y fait entendre avec une impérieuse précision.

Il faut bien remonter à Jean Martinon pour retrouver une lecture aussi fidèle, Pascal Rophé se montrant ça et là plus tendre, flûte caressante, cordes en soie, que de poésie … qui fait regretter qu’il n’en soit pas resté à Roussel pour le disque : le Petit concert, la Suite en fa, Pour une fête de printemps auraient fait un joli paysage à cette Araignée.

Mais non, le disque s’ouvre avec le chef -d’œuvre le plus sombre de Dukas, cette Ouverture pour le Polyeucte de Corneille, dont Pascal Rophé sculpte les noirs profonds, le chant amer, faisant là encore arme égale avec Martinon pour mieux lui céder la primauté dans un Apprenti sorcier trop prudent que Martinon menait jusqu’à la folie.

Alors entendez d’abord danser cette Araignée jusqu’au cortège ému que Roussel aura écrit pour ses funérailles d’une plume comme mouillée de rosée.

LE DISQUE DU JOUR

Albert Roussel (1869-1937)
Le Festin de l’araignée, Op. 17 (Ballet intégral)
Paul Dukas (1865-1935)
Polyeucte – Ouverture
L’Apprenti sorcier

Orchestre National des Pays de la Loire
Pascal Rophé, direction

Un album du label BIS Records 2432
Acheter l’album sur le site du label BIS Records ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le chef d’orchestre Pascal Rophé – Photo : © Marc Roger