Idylle des Tatras

Réfugié aux Etats-Unis, Alexandre Tansman résuma dans sa Rhapsodie polonaise toute la nostalgie d’un pays qu’il avait quitté depuis longtemps, lui préférant le bouillonnement artistique du Paris de l’Entre-deux-guerres où il fit son langage si singulier. L’horreur du siège de Varsovie aurait-elle été à l’origine de cette Rhapsodie comme les musicographes l’affirment, où son prétexte plutôt ?

L’œuvre est d’une beauté envoûtante, entre danse et rêverie pastorale, un vrai paysage sonore des Tatras, avant qu’une marche n’essaye d’en changer le caractère, mais las !, l’effet des premières pages est indélébile et de pure poésie – l’auteur s’y souvient de Szymanowski, ce que Jacek Kaspszyk souligne avec l’art qu’on lui sait.

L’album révèle aussi le Concerto pour piano que Karol Rathaus, figure de proue du Berlin musical de l’Entre-deux-guerres, écrivit sur le sol américain.

Œuvre étrange, où paraissent comme des silhouettes les griffes de Chostakovitch ou de Prokofiev dans les deux mouvements vifs, et dont les vraies beautés se dévoilent dans l’Andantino, méditatif, mystérieux, où passe au début le souvenir d’Oiseaux tristes de Ravel. Yaara Tal fait mieux que de l’exhumer, elle le partage et on l’écoute.

LE DISQUE DU JOUR


Alexandre Tansman
(1897-1986)
Rhapsodie polonaise (1940)
Karol Rathaus
(1895-1954)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 45

Yaara Tal, piano
Orchestre Philharmonique de Varsovie
Jacek Kaspszyk, direction

Un album du label Institut Frédéric Chopin de Varsovie NIFCCD 064
Acheter l’album sur le site du label de l’Institut Frédéric Chopin de Varsovie, sur le site www.ledisquaire.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : la pianiste Yaara Tal – Photo : © DR